[État de crise]
L’industrie pharmaceutique est-elle menacée par le manque cruel de pharmaciens ?
Voilà une question urgente alors que ré-industrialisation et innovation sont sur le devant de la scène.
Etat des lieux, sonnette d’alarme et pistes de solutions, je vous fais part de mon analyse au regard de mes nombreux contacts avec l’industrie et les candidats, au sein de mon activité chez HTI – Healthcare & Technology International.
« Nous sommes en capacité de recruter 15 000 pharmaciens », lançait en octobre 2022 , le Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.
Ce chiffre effrayant touche les officines et l’industrie alors que la période Covid a mis en lumière tout le secteur.
Les besoins et limites dans l’industrie sont devenus criants avec la nécessité de la ré-industrialisation et la volonté d’innovation liés à la période de transition actuelle.
Or le pharmacien, garant de la qualité et de la sécurité du médicament, est présent à toutes les étapes du processus industriel, de la découverte de la molécule jusqu’à la commercialisation du produit.
Pourtant, la pénurie de la profession devrait s’intensifier dans les prochaines années
En cause :
– Une réforme complexe des études de santé, occasionnant, à la rentrée 2022, 1100 places vides sur 3500 en 2ème année (chiffres FSPF). Une nouvelle réforme est indispensable.
– Le désamour pour l’entreprise et l’attrait pour l’indépendance occasionnent une fuite des seniors vers les activités de conseil.
– L’exception française du pharmacien responsable est en voie de disparition.
Mais restons positifs ! Le métier est riche de sens et d’avenir.
Dans l’industrie, le pharmacien est mieux payé qu’en officine, et les possibilités de carrières et d’évolution sont nombreuses.
Le métier propose des débouchés très divers : R&D, qualité, affaires réglementaires, marketing, vente…
Ces arguments permettent d’attirer et retenir ces profils. Il s’agit aussi d’explorer toutes les pistes, jusqu’à l’anticipation des motivations des salariés pour rester dans l’entreprise
Aussi, j’invite les dirigeants et directeurs RH à être vigilants pour fidéliser leurs collaborateurs et lors des recrutements :
Anticiper, dès le recrutement, la question de l’évolution de carrière du candidat à 3 ou 5 ans.
Engager un parcours de développement de compétence dans l’entreprise pour les pharmaciens en poste.
Une autre piste est peut-être à explorer. Pourquoi ne pas ouvrir certaines responsabilités, aujourd’hui dédiées aux pharmaciens, à d’autres profils ? C’est déjà le cas dans les fonctions médicales ou dans l’industrie du dispositif médical.